L’ENSATT dans le monde Pulsations 2.2

Pourquoi cinq et pas une ?

Car c’est 5 possibilités de se rencontrer, de se découvrir.
C’est aussi 5 façons de se parler de théâtre, de musique, des traditions, du monde et de l’amour.

5 « petites formes » spectaculaires de 30 minutes : 3 créations en mars 2022, 2 créations en juin 2022.

Depuis plus de 10 ans, l’ENSATT (École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) et l’EITB (École Internationale de Théâtre du Bénin), collaborent et inventent des projets qui font penser les espaces, les histoires et grandir les imaginaires des jeunes artistes des deux écoles. Avec une pédagogie structurée autour « du faire au plateau » , les compétences nécessaires à l’exercice des métiers du Théâtre sont engagées à la production d’un spectacle. La mise en place du partenariat entre les deux écoles intègre cette exigence pédagogique. Les deux écoles s’engagent, à nouveau en 2022, dans une belle aventure pédagogique de création en invitant le CNSMDL (Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon) à la table.

Faustine d’Agla, Effet Doppler un texte écrit et mis en scène par Hurcyle Gnonhoué. l’ensemble est constitué de trois petites formes dont une musicale.
 
Résumé de la pièce :

Faustine vit avec ses parents, dans la petite ville lacustre d’Agla…
 
Son père épuise sa vie dans l’alcool et sa mère est bricoleuse hors pair dans son bric-à-brac. L’adolescente vit son passage à l’âge adulte avec beaucoup de frustrations. Petitement, elle s’extrait du réel et se compose une existence fantasmée, fragmentaire et virtuelle où elle peut être qui elle veut.
 
Bienvenue à Agla, chez Faustine.
 
Jeu : Sidoine Agoua, Sèdoha Didier Nassegando, Nathalie Hounvo Yekpe
Création lumière : Laurine Chalon
Scénographie : Coline Gauffilet, Ariane Germain
Régie générale : Boris Ahiha
Avec la participation et le concours des étudiantes et étudiants des 7e, 8e, 9e et 10e promotion de l’EITB ainsi que celui des stagiaires de l’INMAAC à l’EITB.
 
Distribution de la petite forme musicale :
 
Direction musicale : Karine Hahn

Viole de gambe : Pauline Chiama
Harpe troubadour : Karine Hahn
Basse électrique : Kamal Mazouni
Percussions : Maxime Maillot
Guitare et percussions : Ange Migan
Chant : Malvina Tchibozo
Saxophone : Junior Toffi

Avec le concours des enfants de SOS Village d’Enfants Abomey Calavi.

Lieu de création EITB, Togbin-Daho, Bénin. 
 
Représentations les 30 juin et 02 juillet 2022 à l’EITB puis le 03 juillet 2022 au CCRI-John Smith de Ouidah 

La fiction à venir : une histoire de réputation

Faustine d’Agla, Effet Doppler est la fable transgressive d’une adolescente qui voudrait vivre dans un espace-temps autre que celui de ses parents. Il s’agit pour moi d’écriture et mettre en scène cette pièce qui se décline en trois courtes formes de trente minutes chacune. Dans cette fiction, la réalité de Faustine constitue la source, source de signaux divers (son et lumière), nous parlerons de rumeurs et de réputation par analogie. La fiction dramatique se propose ici de saisir quelque peu les images et les récits qu’une adolescente comme Faustine se compose pour échapper à son réel. En trois mouvements scéniques, il sera question d’approcher le plus possible de ce qu’elle se compose comme représentations sur les lèvres des un.e.s et des autres. Mais il se peut que lorsqu’on se rapproche de la source elle-même, les tonalités soient loin de ressembler à ce qui est diffusé d’elle.

C’est à ce jeu de miroir, d’effet grossissant et ou rétrécissant que je voudrais inviter le public avec Faustine d’Agla, Effet Doppler. Sera donc créé une trilogie de courtes formes autonomes et à la fois suffisamment liées pour constituées, une fois réunies, un spectacle de 1h30 environ. La figure de Faustine est au cœur des trois séquences. Incarnée, fantasmée, affabulée, elle est déclinée de sorte à créer une réverbération du personnage – la source pour faire lien avec la notion de l’Effet Doppler. Appliquées à l’adolescence, ce sont les notions de réputation, de la représentation de soi, de la e-identity qu’il me plaît d’explorer dans le cadre de ce travail.

Le chiffre trois est une contrainte choisie pour ce travail. Il s’agit d’écrire trois petites formes de trente minutes, avec trois personnages à chaque étape pour une situation dramatique impliquant : le sujet – Faustine – et deux interlocut.eur.rice.s. Au plateau nous auront donc trois comédien.ne.s, trois dispositifs scéniques légers et modulables. Il s’agit par conséquent d’une création mettant l’accès sur la polyvalence de l’équipe artistique. La mise en scène se veut épurée, mettant en relief les artistes au plateau, leur capacité à créer du beau, de l’inattendu par et grâce à leurs qualités de jeu. La création lumière et sonore soulignera finement cette base de travail. Elle travaillera à affiner le jeu, soutenir les comédien.ne.s et assurer les transitions. Un objectif important pour le spectacle à créer étant d’être jouable, en entier ou en séquences, dans les conditions techniques des plus strictes.

– Deux textes écrits par Lydie TAMISIER, écrivaine dramatique, 80e promotion de l’ENSATT :

  • un texte sera mis en scène par Didier Sedoha Nassegando, metteur en scène béninois ;
  • un texte mis en scène par Laurent Gutmann, metteur en scène et Directeur de l’ENSATT.

– Un texte écrit par Jérôme Tossavi, écrivain dramatique béninois et mise en scène par Laurent Gutmann, metteur en scène et Directeur de l’ENSATT.

Avec sur scène : les comédiens et les comédiennes de la nouvelle promotion de l’EITB.

Représentations le 31 mars à l’EITB et le 6 avril au CCRI d’Ouidah

Après douze jours d’observation, d’expérimentations et de conversations avec les étudiants de l’EITB, je suis repartie avec l’idée de travailler autour de la vie conjugale.

Partager sa vie. Voilà une bien jolie expression. Si on l’entend littéralement, cela veut dire diviser, couper sa vie en deux. Par extension ce pourrait être morceler sa vie, ou se couper en deux, se fendre, se disloquer. Les pieds dans le domicile conjugal et le cœur en dehors ? Dit comme ça, c’est un don de soi qui ressemble de bien près à un sacrifice.

Et c’est parfois le cas, par exemple si on épouse une personne qu’on n’aime pas, soit parce que des parents on choisit pour nous, soit parce que nous avons fait le choix « de la raison ». Je peux dire dès à présent que je n’écrirai pas des moments de « crises », mais des scènes entre des couples qui s’entendent bien, ou qui, du moins, travaillent à bien s’entendre, qui s’efforcent de vivre en harmonie. Ainsi, ces deux textes œuvreront plutôt à ce que l’on pourrait appeler une dédramatisation de l’amour. Pas de larmes donc, pas de grandes tirades fiévreuses, de dialogues passionnés et mielleux, mais la réalité quotidienne, la liste des courses, le bruit des assiettes, le silence.

S’il n’y a pas de drame, quel théâtre cela produira-t-il ? On veut toujours parler de ce qui fait exception, ce qui sort de l’ordinaire, on veut parler de la dérive, de l’accident, de ce qui fait événement, comme si l’on voulait inciter le spectateur à la révolte (personnelle ou collective), lui instiller l’idée d’action. Mais le quotidien a aussi beaucoup de choses à nous dire. La mise en scène de la vie quotidienne demande aux spectateurs un degré d’attention particulièrement élevé.

J’écrirai donc ces vies « quelconques », ces vies où tout se déroule comme d’habitude, sans surprise, sans grand retournement, mais certes pas sans chagrins. Sur la question de l’Amour les textes resteront discrets. Assurément, ce sera un théâtre de la pudeur.

Ces deux courts textes interrogeront aussi la question de l’idéal. L’amour n’est-il qu’une Idée, une invention de l’esprit pour donner un sens à nos vies, ou nous donner l’illusion que nos vies ont du sens ? D’ailleurs, est-il possible de renoncer au sens ? D’accepter l’inanité de notre existence ? Peut-on admettre que nos vies sont anodines, anecdotiques, médiocres ?

Voici des questions que mes deux textes soulèveront probablement en creux, en sourdine. Je peux toutefois anticiper une conclusion : l’idéal a les contours flous.

Lydie Tamisier

 

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Crédit photographique Shehrazade DERMÉ